Installation-performance
20
Installation-performance
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Yoann Thommerel
Daniel Jeanneteau
Daniele Ghisi
Un espace aux frontières indéfinissables, à l’obscurité douce. On y pénètre par une succession de sas préparant progressivement l’œil à la pénombre. Un groupe peu nombreux de spectateurs entre et s’engage presque à l’aveugle dans ce vide sans limites claires. Rien de précis à voir, mais peu à peu l’étendue se creuse, vers ce qui apparaît comme une obscurité plus profonde, une trouée, un orifice en suspension, à mi-hauteur, indécis et, semble-t-il, mouvant. Une profondeur de noir dans un indéfini de gris. On ne peut pas s’en approcher au-delà d’une certaine limite. Ce qui n’est pour l’instant qu’une tache plus sombre flotte, vacille, tremble, se trouble, hésite entre flou et net. Des luisances se dessinent, des reflets, des viscosités, des suintements. Puis l’orifice s’anime, change de forme, s’aplatit, se referme, s’ouvre grand et lâche un souffle massif et tiède, humide. Aspire, tousse, articule des syllabes insonores, claque. Bruits de la mécanique des articulations, des mâchoires, de la langue, des dents. C’est une bouche. Sans corps, sans dents visibles, mais douée d’haleine, de souffle, de glotte, de cordes vocales… Organe privé de corps mais continuant d’articuler, de vocaliser, d’émettre, de hacher l’air en fragments de souffle. Des mots viennent, clairement reconnaissables. Des associations de mots, des phrases, des énumérations. Une parole. Peu à peu l’articulation nette se remplit d’une ombre sonore, et la parole se transforme en ce dont elle parle. Elle ne dit plus de choses, elle devient ces choses. Le langage devient objet vrai, d’une manière très souple, presque imperceptible. Chaque son continue d’être émané, initié, animé par la bouche. Les mots devenus matière sonore conservent pourtant la même articulation, l’empreinte exacte d’une signification de moins en moins reconnaissable. Plus tard, cette empreinte est elle-même perdue. La bouche produit alors une séquence de véritables explosions, de crépitement de feuilles, de sons concrets. Peut-être un chant, en hoquet, vite coupé. C’est alors qu’il faut à nouveau apprendre à parler…
Texte
Yoann Thommerel
Mise en scène
Daniel Jeanneteau
Musique
Daniele Ghisi
Vidéo
Mammar Benranou
Assistant à la mise en scène et à la scénographie
Olivier Brichet
Assistant à la scénographie
Tom Huet
Comédienne
Emmanuelle Lafon
Coproduction
Ircam-Centre Pompidou, Studio-Théâtre de Vitry
Contacts production et diffusion
Juliette Wagman - juliette.wagman@tgcdn.com
Amélie Gumy - amelie.gumy@tgcdn.com