Installation-performance

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Mon corps parle tout seul

Yoann Thommerel
Daniel Jeanneteau
Daniele Ghisi

Un espace aux frontières indéfinissables, à l’obscurité douce. On y pénètre par une succession de sas préparant progressivement l’œil à la pénombre. Un groupe peu nombreux de spectateurs entre et s’engage presque à l’aveugle dans ce vide sans limites claires. Rien de précis à voir, mais peu à peu l’étendue se creuse, vers ce qui apparaît comme une obscurité plus profonde, une trouée, un orifice en suspension, à mi-hauteur, indécis et, semble-t-il, mouvant. Une profondeur de noir dans un indéfini de gris. On ne peut pas s’en approcher au-delà d’une certaine limite. Ce qui n’est pour l’instant qu’une tache plus sombre flotte, vacille, tremble, se trouble, hésite entre flou et net. Des luisances se dessinent, des reflets, des viscosités, des suintements. Puis l’orifice s’anime, change de forme, s’aplatit, se referme, s’ouvre grand et lâche un souffle massif et tiède, humide. Aspire, tousse, articule des syllabes insonores, claque. Bruits de la mécanique des articulations, des mâchoires, de la langue, des dents. C’est une bouche. Sans corps, sans dents visibles, mais douée d’haleine, de souffle, de glotte, de cordes vocales… Organe privé de corps mais continuant d’articuler, de vocaliser, d’émettre, de hacher l’air en fragments de souffle. Des mots viennent, clairement reconnaissables. Des associations de mots, des phrases, des énumérations. Une parole. Peu à peu l’articulation nette se remplit d’une ombre sonore, et la parole se transforme en ce dont elle parle. Elle ne dit plus de choses, elle devient ces choses. Le langage devient objet vrai, d’une manière très souple, presque imperceptible. Chaque son continue d’être émané, initié, animé par la bouche. Les mots devenus matière sonore conservent pourtant la même articulation, l’empreinte exacte d’une signification de moins en moins reconnaissable. Plus tard, cette empreinte est elle-même perdue. La bouche produit alors une séquence de véritables explosions, de crépitement de feuilles, de sons concrets. Peut-être un chant, en hoquet, vite coupé. C’est alors qu’il faut à nouveau apprendre à parler…

Texte

Yoann Thommerel

Mise en scène

Daniel Jeanneteau

Musique

Daniele Ghisi

Vidéo

Mammar Benranou

Assistant à la mise en scène et à la scénographie

Olivier Brichet

Assistant à la scénographie

Tom Huet

Comédienne

Emmanuelle Lafon

Coproduction

Ircam-Centre Pompidou, Studio-Théâtre de Vitry

Contacts production et diffusion

Juliette Wagman - juliette.wagman@tgcdn.com
Amélie Gumy - amelie.gumy@tgcdn.com

Joséphine Brueder

Crédit photo : Joséphine Brueder

Crédit photo : Joséphine Brueder