Comité des lectrices et des lecteurs
Archives
2017-2025
Comité des lectrices et des lecteurs
Archives
2017-2025
Considérant les questions du langage et de l’écriture comme étant au cœur du travail théâtral, un Comité des lectrices et des lecteurs a été mis en place par le T2G entre 2017 et 2025, dédié à la mise en partage de textes collectés par Stéphanie Béghain, artiste associée au T2G.
Cette collecte de textes provient d’un fond de pièces envoyées par des écrivaines et écrivains, traductrices et traducteurs, éditrices et éditeurs, groupes de recherche, et lues au sein du Comité, avec le soutien de l’équipe du théâtre, dans la perspective d’un partage et d’une réflexion sur les écritures contemporaines.
Ce Comité s’est proposé d’être le lieu d’une pratique commune de la lecture et de la critique, un terrain d’expériences ouvert et gratuit. Il a été porté depuis le théâtre par Sophie Bernet, du service des relations avec les publics et de l’accueil au T2G.
… ouvert à toutes et tous
Toutes les six semaines, une journée de dimanche, des lectrices et lecteurs se sont réunis autour d’une pièce au théâtre. Ces groupes ont rassemblé une quinzaine de participants non professionnels, des étudiants, des chômeurs, des retraités, des salariés des alentours du théâtre – ces groupes se sont reformés chaque saison par engagement réciproque.
Chaque fois que cela a été possible, une écrivaine ou un écrivain, un ou une dramaturge, une actrice ou un acteur, une traductrice ou un traducteur, a été invité par Stéphanie Béghain à rejoindre le groupe, à entrouvrir la porte de son atelier de travail.
« Par un patient travail de déchiffrage, le pari est fait que la lecture à haute voix apporte de la clarté au sens, à l’intrigue s’il y a lieu ; des motifs et des structures apparaissent, des obscurités résistent à notre volonté d’éclaircissement. Il faut se laisser guider par les rythmes, les cadences, le timbre des voix, entrer dans les nervures d’un texte, et cette prise de parole est déjà un théâtre. Les discussions – le partage et les désaccords – permettent, au fil des écrits, de croiser des préoccupations critiques et pourquoi pas de composer des dramaturgies communes. »
… hors les murs
Au fil des saisons, avec précaution et patience, nous sommes allées à la rencontre de possibles lectrices et lecteurs, favorisant un public n’ayant pas pour habitude de pousser la porte du théâtre et des usagers des lieux du quartier. Des comités, tous un peu particuliers, se sont développés sur le territoire.
— Au collège Renoir d’Asnières
En milieu péri-scolaire, à l’internat du collège Renoir d’Asnières-sur-Seine, les jeunes internes du collège ont participé à un Comité des lectrices et des lecteurs pendant leur temps libre dans le cadre d’un projet d’éducation artistique et culturelle « lecture pour tous ». Dans le contexte particulier d’un internat d’éloignement social et non géographique, ce temps de veillée littéraire avait pour but de transmettre le goût de la lecture, d’échanger sur les textes et de créer un groupe avec les adolescents. Les séances avaient lieu à l’internat, une fois tous les quinze jours de janvier à avril 2018, le soir après le repas. La participation était basée sur le volontariat pour des élèves de la 6ème à la 3ème. Après avoir lu plusieurs pièces de théâtre ensemble, les élèves en ont choisi une qui a fait l’objet d’une lecture enregistrée un soir par la radio *DUUU, alors partenaire du théâtre de Gennevilliers. Tout le monde a participé à la lecture : les CPE, le proviseur adjoint, les élèves, Stéphanie Béghain et Adeline Olivier qui ont porté ce projet. Le texte Le KO d’Ali d’Alexis Jebeile était le texte choisi par les élèves.
— À la Maison des familles de Gennevilliers
En 2017-18, après une première rencontre avec les salariées de la Maison des Familles, des rendez-vous se sont succédés avec des femmes dans le cadre du « Café des parents » (espace d’échange dans l’institution sur la parentalité), sous la forme d’un atelier autour de la lecture et de la langue. On a commencé à y lire des pièces de théâtre ; pour certaines personnes c’était la première fois. L’atelier a accueilli une dizaine de femmes et s’est tenu à leur demande, environ une fois par trimestre dans les espaces de répétitions du théâtre. Certaines d’entre elles ont rejoint le Comité des lectrices et lecteurs du dimanche.
— Avec les ateliers sociolinguistiques de Gennevilliers et d’Asnières / Lecture à voix haute en public
Un atelier créé en 2018, a perduré jusqu’en 2025 après un moment de pause due à la pandémie. Il a existé grâce au soutien de la coordination linguistique et formation ASL (ateliers socio-linguistiques ) de la ville de Gennevilliers et aux formatrices du Centre socio-culturel Yannick Noah de la ville d’Asnières.
À raison d’une vingtaine de séances entre décembre et juin, les participantes et participants, entre 5 et 10 personnes, précaires pour la plupart, sont venus dans les espaces du théâtre expérimenter la lecture à haute voix de textes issus de la littérature – entre les obligations du travail, les stages mal payés, et les obligations familiales. L’horizon de cet atelier a été l’organisation de lectures en public et ensemble, nous avons composé une petite grammaire des possibles. Un nouveau genre de rôle est né de nos rencontres : celui d’accueilli-accueillant…
En 2018, au fil des ateliers, le travail avait abouti à une lecture publique d’extraits du scénario du film Sicilia ! de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub d’après Conversation en Sicile d’Elio Vittorini, écrivain italien de l’après-guerre. Familles, amis, spectateurs et salarié.e.s du théâtre avaient pu assister à cette lecture donnée sur un des plateaux du théâtre. Il a été proposé aux participants de ce comité d’assister à des spectacles de la saison.
… en lien avec les institutions et la ville
Ponctuellement, le Comité des lectrices et des lecteurs a été sollicité pour diverses interventions co-élaborées par le T2G et ses partenaires : la Nuit de la lecture organisée par la médiathèque Rabelais, un cours de séminaire en direction des étudiants en L1- Arts du spectacle de l’université Paris X- Nanterre, ou une séance de lectures en direction d’enseignants- documentalistes.
Post scriptum
La permanence d’artistes au travail comme Stéphanie Béghain dans le théâtre rend possible une dynamique de rencontres avec des publics très divers.
Le projet est nourri par un fond de textes et de pièces destinés à être partagés. Pour en retenir un certain nombre, il faut en lire beaucoup. Les textes sont soigneusement choisis pour les groupes, selon les âges, les profils, les envies. Ce travail permanent de lecture nourrit le développement de constellations de rencontres et d’échanges à Gennevilliers et constitue le fond de la démarche.
Stéphanie Béghain, artiste associée
Stéphanie Béghain a été formée à Toulouse et à Paris au Conservatoire, puis a travaillé au sein d’institutions et de compagnies de théâtre. D’abord engagée comme lectrice de manuscrits au Théâtre National de la Colline, elle est actrice dans les spectacles d’Alain Françon (E. Bond, D. Danis, M. Mayenburg), André Wilms (B. Srbljanovic). Elle crée avec Joris Lacoste 9 lyriques pour actrice et caisse claire et participe à la création de sa pièce Purgatoire. Elle a participé avec le collectif B/N à des travaux autour de textes de Émile Josome Hodinos et Chrétien de Troyes. Elle est interprète dans des spectacles de Gwenaël Morin (Les Justes de Camus, Lorenzaccio de Musset - Théâtre Bastille, Théâtre du Point du Jour, Laboratoires d’Aubervilliers). Depuis une vingtaine d’années, elle organise des ateliers de lecture avec des patient·e·s et soignant·e·s dans des lieux de soin en Région parisienne (Bondy, Paris, Épinay). Elle participe depuis 2012 au collectif Encore heureux…, à la Fonderie au Mans, qui organise des rencontres annuelles autour des pratiques artistiques dans les lieux de soin et d’accueil. Elle a milité au sein de la Coordination des Intermittents et Précaires d’IDF et participé à la fabrication du film Salaud d’argent. De 2013 à 2016, elle anime le Comité des lecteurs du Studio-Théâtre de Vitry puis celui du T2G. Elle est également interprète au T2G dans des spectacles de Daniel Jeanneteau (Maurice Maeterlink, Martin Crimp, Anton Tchekhov) et de Kurō Tanino. Depuis 2011, elle travaille avec Olivier Derousseau en compagnie du texte de Mahmoud Darwich, Et la Terre se transmet comme la langue, traduit par Élias Sanbar. Le poème interprété a été présenté en septembre 2021 au T2G.