François Tanguy
Au moment où nous nous apprêtions à présenter Par autan, sa dernière création, nous venons d’apprendre avec une grande émotion le décès de François Tanguy. Metteur en scène, scénographe, poète de la scène et homme d’engagement, il a été un repère et un encouragement pour des générations de créateurs, et pour un public qui s’est constamment renouvelé. Présent au T2G avec le Festival d’Automne à Paris depuis 1996, il a été avec sa compagnie le Théâtre du Radeau l’un de nos amis et compagnons de route les plus inspirants et admirés. Nous adressons à ses proches, à tou·te·s les membres de sa compagnie, à celles et ceux qui à travers lui perdent un espace de poésie, d’intelligence et de liberté, nos plus sincères condoléances.
— Daniel Jeanneteau et toute l’équipe du T2G
Habité de musique et de peinture, de fragments de textes et dʼapparitions, François Tanguy a poursuivi inlassablement son travail de fugue et variations autour du sens, de lʼabsence de sens, et de notre humanité pantelante, de manière méticuleuse et éclatante.
François Tanguy
François Tanguy rejoint le Théâtre du Radeau en 1983. Il en devient le metteur en scène ; il n’a pas 30 ans ; il n’a pas suivi de formation spécifique. Sa présence s’est d’emblée ramifiée en une multitude de gestes corollaires au plateau et nécessaires au travail de la compagnie : celle-ci, créant à l’approche des années 1990, un lieu dans une ancienne succursale automobile, met en œuvre dans la foulée les moyens d’hospitalité pour d’autres groupes. C’est ainsi qu’est née la Fonderie qui en soi, est une création. En 1997, un autre espace est construit, dénommé la Tente. Depuis Woyzeck-Büchner-Fragments forains (1989), François Tanguy ne pose pas de thématique autre que celle du théâtre en lui-même, écartant l’œuvre écrite en tant qu’entité préalable à la création, et mettant en travail de manière simultanée les composantes d’un « lieu d’où l’on regarde » (Teatron). Voilà pourquoi, en écart ou en résistance à des termes d’éclairage biographique, il vaudrait mieux parler d’un nouage constant entre : des lieux — tout autant de vie que de travail, 18 créations jusqu’à Par autan et des mouvements – fonctions propres à celles d’un peintre, d’un architecte-scénographe, d’un compositeur ou d’un poète-machiniste…
Le Théâtre du Radeau
Le Théâtre du Radeau a été fondé au Mans en 1977, rejoint en 1982 par François Tanguy, metteur en scène. La compagnie s’installe en 1985 dans une ancienne succursale automobile qui deviendra La Fonderie inaugurée en 1992. Le parcours théâtral de François Tanguy est indissociablement lié à celui de sa compagnie Théâtre du Radeau avec laquelle il invente depuis 1982 la totalité de ses créations. Véritable travail permanent de recherche sur la représentation théâtrale, questionnement sans cesse renouvelé « des possibilités de la dramaturgie ». Un art du théâtre revendiqué comme tel, d’un théâtre où il faut « être ensemble » pour visiter le lieu et le temps théâtral. Chaque œuvre de François Tanguy et du Théâtre du Radeau est le fruit d’une démarche patiente et collective, faite de recherche de textes, de musique et d’improvisation de jeu, ce qui explique la rareté des créations. Il enchaîne les mises en scène : Dom Juan de Molière (1982), L’Eden et les cendres (1983), Le retable de séraphin (1984), Le songe d’une nuit d’été de W. Shakespeare (1985), Mystère Bouffe (1986), Jeu de Faust (1987), Woyzeck – Büchner – Fragments forains (1989), Chant du bouc (1991), Choral (1994), Bataille du Tagliamento (1996), Orphéon (1998), Les Cantates (2001), Coda (2004), Ricercar (2007), Onzième (2011), Passim (2013), Soubresaut (2016), Item (2019), Par autan (2022).
Les spectacles Item, Passim, Onzième, Bataille du Tagliamento ont été présentés au T2G Théâtre de Gennevilliers, avec le Festival d’Automne à Paris.
Par autan (2022)
La dernière création de François Tanguy, Par autan, est programmée au T2G du 8 au 17 décembre avec le Festival d’Automne à Paris. Compte tenu des circonstances, nous sommes au regret d’annuler les représentations des 8 et 9 décembre 2022.
Vent d’orage qui souffle du sud, vent qui rend fou, c’est l’autan qui pousse une nouvelle fois le Radeau vers le T2G. Fantasmagories foraines et poèmes perpétuels, leurs spectacles sont des espaces-temps habités par des âmes, où des voix orphelines parlent les langues perdues et retrouvées des auteurs qui les hantent.