Musique / Théâtre
Avec l’Ircam, dans le cadre de ManiFeste 25
Le 13 juin 2025
1h15
Plateau 1
Musique / Théâtre
Avec l’Ircam, dans le cadre de ManiFeste 25
Le 13 juin 2025
1h15
Plateau 1
Georges Perec
Philippe Hurel
Alexis Forestier
Dans Espèces d’espaces, forme hybride à mi-chemin entre l’essai philosophique et le poème évocatoire, Georges Perec examine toutes les facettes de son rapport à l’espace, allant de l’espace de la page blanche à celui du vide sidéral, en passant par l’espace urbain. D’une grande liberté de ton et d’interprétation, ce texte étonnant offre au compositeur Philippe Hurel la possibilité de construire une histoire musicale sur les choses de tous les jours, de la plus anodine à la plus monstrueuse. Passant d’une simple description aux aspects les plus sombres de l’être humain, cette partition vive et pleine de contrastes permet un traitement scénique et musical foisonnant. Sur scène, une chanteuse, un acteur, douze musicien·ne·s, un écran ainsi qu’un haut-parleur qui fait entendre des bribes de textes pré-enregistrées. Ces différents « personnages » s’expriment dans un contrepoint nerveux, sans avoir chacun une fonction définitivement claire. À l’image du récit entre la logique descriptive et le surgissement de l’inattendu, la mise en scène d’Alexis Forestier permet une fluidité de l’espace du dedans jusqu’au dehors, de l’habituel à l’inconnu, de la trame à la trace.
Georges Perec
Georges Peretz, dit Georges Perec, est un écrivain français. D’origine juive et polonaise par ses parents, Icek et Cyrla, il passe son enfance dans le quartier de Belleville. En 1940, il devient orphelin de père, Icek Peretz étant mort au combat. L’année suivante, sa mère l’envoie à Villard-de-Lans afin de le sauver des Nazis. Elle-même déportée à Auschwitz, elle meurt en 1943. À Villard-de-Lans, les sauveteurs de l’enfant le font baptiser et francisent son patronyme qui devient alors «Perec». Mais en 1945, il retourne à Paris pour y vivre auprès d’une tante paternelle, Esther Bienenfeld. Après l’école communale de la rue des Bauches, dans le XVIème où il se retrouve propulsé, Georges Perec intègre le lycée Claude-Bernard, puis le collège d’Étampes. En 1954, il tente hypokhâgne au Lycée Henri-IV et se tourne vers une licence d’Histoire qu’il abandonne assez vite. En parallèle, il suit une psychothérapie, d’abord avec Françoise Dolto, puis avec Michel de M’Uzan. Après son service militaire dans une unité de parachutistes, il épouse Paulette Pétras et part un temps en Tunisie, à Sfax. En 1962, il entre comme documentaliste en neurophysiologie au CNRS. Vers cette époque, il commence à écrire. Son premier roman, Les Choses, une histoire des années soixante, obtient le Prix Renaudot 1965. L’ouvrage surprend par ses descriptions détaillées des objets qui couvrent aisément des pages, le tout articulé autour des enquêtes d’opinion faites par le couple de « héros », Jérôme et Sylvie. Perec fait aussi dans ce livre un usage quasi systématique du conditionnel. Encouragé par le succès obtenu, Perec persévère et produit encore deux romans, dont Un Homme qui dort, où il tutoie carrément le lecteur, avant d’entrer dans l’Oulipo en 1967. A partir de là, tous ses écrits s’articuleront autour d’une contrainte, littéraire et/ou mathématique. Dès 1969, l’écrivain donne La Disparition, roman qui conjugue la mystérieuse disparition du héros, Anton Voyl, avec celle de la lettre «e» qui n’apparaît pas une seule fois dans ce livre. Inversement, dans Les Revenentes, en 1972, il n’utilise que la voyelle «e», créant au besoin, comme dans le titre, des fautes d’orthographe. Mais c’est en 1978, avec La Vie Mode d’Emploi (prix Médicis 1978), qu’il accède véritablement à la connaissance du grand public. En 2017, il entre dans La Pléiade. Décédé d’un cancer des bronches, il est incinéré au cimetière du Père-Lachaise à Paris.
Philippe Hurel
Après des études au Cnsmd de Paris avec I. Malec, il rejoint la Recherche musicale Ircam (1985/86 1988/89). Pensionnaire à la Villa Medicis à Rome (1986 à 88), il reçoit en 1995 le Siemens Förderpreis. Il enseigne à l’Ircam (1997 à 2001) et il est en résidence à l’Arsenal de Metz (2000 à 2002). Il est professeur au Cnsmd de Lyon de 2013 à 2017. Depuis 1991, il est directeur artistique de l’Ensemble Court-circuit. Ses oeuvres, éditées par Henry Lemoine et Gérard Billaudot ont été interprétées par de prestigieuses formations sous la direction de P.Boulez, E.P. Salonen, K. Nagano, D. Robertson, T. Ceccherini, J.Nott, FX Roth, J. Deroyer, PA Valade, P. Rophé, A. Shokhakimov… Après son opéra Les pigeons d’argile (livret T. Viel) au Capitole de Toulouse en 2014, Traits est créé à Paris par A. Greffin-Klein et A. Descharmes. En 2015, son cycle Tour à tour est créé à Radio France (Festival Manifeste) par le Philharmonique de Radio-France, direction Jean Deroyer, Recherche crée Pas à pas à la Biennale de Venise. En 2015-16 il compose Global corrosion pour l’ensemble Nikel (Tel Aviv) et So nah so fern pour l’ensemble Spectra (Gand). En 2017, Arditti quartet donne Entre les lignes aux Wittener Tage et en 2018 le quatuor Diotima crée D’autre part au Théâtre d’Orléans. Quelques traces dans l’air est créé en juin 2018 par J. Comte, clarinette, et J. Stockhammer à la tête du Philharmonisches Orchester de Cottbus. En 2020, le quatuor Tana crée En filigrane au Centre Pompidou (Festival Manifeste/Ircam). En 2021, Périple (textes de T.Viel) est donné à la Philharmonie de Paris par E. Chauvin, A. Billard et KDM. En 2022, trois créations à Radio France : En spirale, par J. Comte, clarinette, (Festival Présences), Autour, par JF Neuburger, piano, et Volutes par H. Devilleneuve, hautbois, et le Philharmonique de Radio France, direction P. Rophé. La version scénique de Périple est créée à la Criée à Marseille en mai 2022 (Festival Propagations). Après So nah so fern II pour les ensembles Court-circuit et Meitar, il compose Nuit de lune (2023) pour l’OCNA et Chorus (2023-24) pour le flûtiste Yubeen Kim et Bochumer Symphoniker, direction TC Chuang. Il compose actuellement Soulèvements (textes de D. Huberman, M. Darwich, H. Arendt, A. Césaire, P. Selek, Siamanto) pour M. Louledjian et l’EOC, direction B. Mantovani.
Alexis Forestier
Après des études d’architecture Alexis Forestier participe en 1985 à la création d’un ensemble musical proche de la scène alternative, Les endimanchés, groupe de percussions qui s’inspire à la fois de la musique bruitiste et de la chanson populaire. Il se passionne pour les mouvements d’avant-garde et la relation qu’ils entretiennent aux écritures scéniques ; cet intérêt accru pour des formes qui mêlent plusieurs pratiques artistiques le conduit à créer en 1993 la compagnie Les endimanchés. Le premier spectacle Cabaret Voltaire est inspiré de l’émergence et des recherches du mouvement dada à Zurich. Ce premier travail oriente les recherches esthétiques de la compagnie qui reposeront sur la confrontation de composantes scéniques plurielles, sur des principes de superposition ou de simultanéité. Toutefois les travaux suivants se concentrent sur les écritures théâtrales retenues à la lisière d’œuvres poétiques comme celle d’Henri Michaux ou René Char. En 1998, soucieuse d’interroger le processus de création, les modalités et les contingences qui le déterminent – dans une économie et une logique de fonctionnement limitées – la compagnie propose le projet Quatre terrains préparatoires qui voit le jour à Gare au théâtre à Vitry sur Seine et elle présente au cours de la même saison La Fabrique du pré de Francis Ponge, L’Importance d’être d’accord de Bertolt Brecht dans une forme opératique réduite à sa plus petite dimension, L’Idylle de Maurice Blanchot et Quelque chose de l’eau de Cécile SaintPaul. En compagnie de Cécile Saint-Paul, Alexis Forestier poursuit un travail sur les écritures poétiques et les formes fragmentaires, sur la question de leur transposition théâtrale et musicale. En 2005, après avoir côtoyé la clinique de La Borde durant huit années en tant que stagiaire puis bénévole, il monte L’Opéra de quat’sous de Bertolt Brecht avec les patients et soignants de la clinique. Les spectacles Sunday clothes (2005) et Inferno Party (2006) occupent une place charnière dans le cheminement de la compagnie ; ils s’appuient d’une part sur la mémoire musicale de celle-ci et interrogent en l’intégrant la présence de musiciens sur le plateau. Cette recherche voit un prolongement dans le dernier spectacle de la compagnie Elisaviéta Bam de Daniil Harms où les comédiens produisent eux-mêmes la matière sonore sur laquelle prend appui le texte.