Arts visuels
Dans le cadre du Festival d’Automne 2025
Du 24 septembre au 26 octobre
Plateau 2, déambulatoire
Arts visuels
Dans le cadre du Festival d’Automne 2025
Du 24 septembre au 26 octobre
Plateau 2, déambulatoire
Bouchra Khalili
Avec son projet multidisciplinaire Astérismes (Fig. 1 à 3), présenté au T2G Théâtre de Gennevilliers, à l’Odéon Théâtre de l’Europe - Berthier Paris 17 et au Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt, la plasticienne Bouchra Khalili déploie une constellation de récits articulant passés et présents pour projeter des futurs communs. Issues de recherches au long cours sur le Mouvement des Travailleurs Arabes (MTA, actif dans les années 1970) et ses troupes de théâtre Al Assifa et Al Halaka (« tempête » et « cercle ») ainsi que sur les formes ancestrales de transmission de la parole collective au Maroc (conteurs et écrivains publics), qui ont inspirées les stratégies théâtrales du MTA, les œuvres présentées dans chacun des trois lieux se répondent et se complètent. Elles mettent en scène différentes représentations de la mémoire, de la transmission et du mythe, de l’action collective et de l’espace public, des figures de l’artiste et de l’interprète.
Au T2G, l’installation vidéo The Tempest Society (2017), première œuvre créée par Bouchra Khalili dans le cadre de ses recherches sur le MTA, produite à Athènes, berceau du théâtre et de la démocratie, réactive les stratégies scéniques de Al Assifa au regard des crises successives traversées par la Grèce contemporaine. En explorant les définitions de la citoyenneté et les potentiels du théâtre, l’œuvre imagine les contours d’une communauté à venir où la circulation de la parole et la conscience historique font lien.
Présenté sur un praticable semblable à celui visible à l’écran, le film principal (59’, grec, arabe et français, sous-titré en français et en anglais) suit les récits partagés par Isavella, Elias et Giannis, trois acteur·rice·s non professionnel·le·s, concernant leurs expériences du racisme, de la xénophobie et des sociétés grecque, méditerranéenne et européenne contemporaines. Apparaissant au début du film, Philippe Tancelin, co-auteur de l’ouvrage Les Tiers idées (1977), inscrit les réflexions des trois protagonistes dans la continuité des activités des troupes de théâtre du MTA dont il a été, avec Mohamed Bachiri, dit Mokhtar, et Geneviève Clancy, l’un des membres fondateurs.
Ces allers-retours entre la France des années 1970 et la Grèce des années 2010 proposent une réflexion sur la place du théâtre et de la parole dans la société, faisant par exemple dialoguer photographies de représentations dans des usines françaises et images de manifestations tournées sur la place Syntagma à Athènes. Le film convoque également des figures comme celles de l’écrivain et journaliste albanais Gazmend Kapllani, de l’auteur et réalisateur italien Pier Paolo Pasolini ou de l’un des leaders des grèves de la faim des travailleurs de Thessalonique et Athènes en janvier 2011. Ni un travail d’archive ni un documentaire ni une fiction, The Tempest Society constitue une hypothèse filmique sur les questions de la représentation, de la parole publique, du collectif et du montage.
L’exposition présente également l’œuvre Questions & Answers (2017-2023) qui revient de manière réflexive sur certains aspects de The Tempest Society, prolongeant ses motifs de circulation de la parole et de questionnement collectif.
Du jeudi au dimanche de 11h à 19h
Ouverture exceptionnelle les mardi 21 et mercredi 22 octobre de 11h à 19h
Vernissage public
Astérismes (Fig. 1) : The Tempest Society de Bouchra Khalili
Visites commentées d’Astérismes (Fig.1) : The Tempest Society par Clément Dirié, commissaire d’exposition
Un programme de rencontres, de projections et d’événements complète cette invitation à Bouchra Khalili.
Rencontre avec Bouchra Khalili et Mohamed Bourouissa animée par Daniel Jeanneteau (T2G, restaurant)
Rencontre avec Philippe Tancelin, co-auteur de Les Tiers Idées (1977), animée par Clément Dirié (T2G, restaurant)
Pour clore son exposition Astérismes (Fig. 1) : The Tempest Society au T2G, Bouchra Khalili propose un programme inédit de films en écho aux luttes menées par le Mouvement des Travailleurs Arabes.
Projection de Les Ambassadeurs (1977, 102’) de Naceur Ktari, présentée par Bouchra Khalili
Ce film (1977, 102’), rarement visible, du réalisateur tunisien Naceur Ktari reflète, par la fiction, la vie des immigrés nord-africains du quartier de la Goutte d’or à Paris au début des années 1970. Confrontés au déracinement, au chômage et aux crimes racistes, ceux-ci s’organisent pour revendiquer leurs droits. « Un film populaire d’incitation à la lutte et à la visibilité. »
Projection de Jusqu’au bout (1973, 40’) et La Grève des ouvriers de Margoline (1974, 40’), en présence de Richard Copans, co-fondateur du collectif Cinélutte
Jusqu’au bout (1973, 40’) documente la grève de la faim entamée par des travailleurs tunisiens sans-papiers à l’église de Ménilmontant. L’un des premiers films à donner la parole aux travailleurs immigrés sans papiers en France : La Grève des ouvriers de Margoline (1973, 41’) de Jean-Pierre Thorn, filme la grève victorieuse des travailleurs sans-papiers de l’entreprise Margoline située à Nanterre et Gennevilliers.
The Circle – Chronologie pour une constellation de Bouchra Khalili
Publication, en vente à la librairie du théâtre
Une enquête visuelle et textuelle conduite par l’artiste Bouchra Khalili pendant plusieurs années autour du Mouvement des Travailleurs Arabes et plus particulièrement des troupes de théâtre Al Assifa et Al Halaka, qui ont été créées dans cet environnement politique.
Astérismes (Fig. 2) : The Circle and The Public Storyteller | À l’Odéon Théâtre de l’Europe Berthier Paris 17
Du 2 au 26 octobre
Sur le plateau de Berthier de l’Odéon Théâtre de l’Europe, The Circle Project (2023) et The Public Storyteller (2024) poursuivent la recherche de Bouchra Khalili sur les pratiques théâtrales du Mouvement des Travailleurs Arabes. Tourné à Marseille, The Circle met en scène Mia et Luca – deux jeunes français issus de l’immigration maghrébine – à la recherche des rares traces laissées par Djellali Kamal, membre d’Al Assifa et candidat anonyme du MTA à l’élection présidentielle française de 1974. The Public Storyteller réactive, au Maroc, l’épopée de Djellali Kamal par la voix d’un conteur public, révélant la dimension poétique et spectrale de cette candidature oubliée.
Vernissage public 2 octobre à 18h
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Astérismes (Fig. 3) : L’Écrivain public | Au Théâtre de la Ville - Sarah Bernhardt
Du 22 au 29 octobre
Au Théâtre de la Ville, les œuvres présentées cristallisent les réflexions de Bouchra Khalili autour de la notion d’effacement des mémoires, de traces et de présences spectrales. Des œuvres textiles y proposent de nouveaux agencements sensibles des récits d’Astérismes (Fig. 1 à 3).
Vernissage public 22 octobre à 18h
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Bouchra Khalili
Née en 1975 à Casablanca, Bouchra Khalili vit à Vienne (Autriche) et travaille de manière itinérante. Depuis le milieu des années 2000, elle propose, avec acuité et exigence, des œuvres conçues comme des hypothèses visuelles et discursives, qui rendent compte des enjeux contemporains de l’art et du monde. Avec le film et l’installation vidéo comme médias privilégiés pour transmettre la parole de ceux et celles que l’on n’entend pas et des récits oubliés qu’elle met au jour, sa pratique s’attache à déjouer les géographies, les narrations et les histoires officielles afin de redonner de l’épaisseur et de la justesse au réel et à ses protagonistes. Ses recherches explorent notamment les continuités impériales et coloniales, incarnées par les formes contemporaines de migration illégale et la mémoire des luttes anticoloniales. Influencée par l’héritage des avant-gardes post-Indépendances et les traditions vernaculaires du Maroc, elle développe des stratégies de narration à l’intersection de l’histoire et des mémoires occultées, interrogeant les questions de l’auto-représentation, de l’autonomie des individus et des formes de résistance des communautés rendues invisibles par le modèle de l’État-nation. Diplômée en études cinématographiques et médiatiques de la Sorbonne Nouvelle et en arts visuels de l’École Nationale des Arts de Paris-Cergy, Bouchra Khalili a notamment exposé à la Sharjah Art Foundation de Sharjah, au EMST Museum d’Athènes et au Moderna Museet de Stockholm en 2024 ; à la Fondation Luma d’Arles et au MACBA de Barcelone en 2023 ; au Museum of Fine Arts de Boston en 2019 ; au Jeu de Paume de Paris en 2018 ; au Museum of Modern Art de New York en 2016 ; au Palais de Tokyo de Paris en 2015. Elle a participé à la Biennale de Venise en 2013 et 2024 et à la documenta 14, Athènes/Kassel, en 2017. Elle a reçu le Prix de la Biennale de Sharjah en 2023 et le Prix Ibsen en 2017. Elle est professeure et responsable du département des stratégies artistiques à l’Université die Angewandte à Vienne. Elle est également membre fondatrice de La Cinémathèque de Tanger.