Sur les bords 6

Pour l’œuvre vidéo Dogs Dream. It Wasn’t Meant to Be Known, créée en 2021 et présentée à la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois en avril 2022, c’est l’écrin du plateau 3 du théâtre qui a été choisi, transformé le temps de Sur les bords en chambre de repos ou espace de sieste. Voir et dormir, dormir et voir pourrait être l’invitation suggérée par la vidéo de Virginie Yassef. Les images présentent des chiens à Istanbul qui dorment profondément sur le sol d’une faille sismique. Leur sommeil est de plomb et notre regard se fait absorber par les différentes textures de poils. Un fragment pour un ensemble : on se laisse prendre en pleine synecdoque. L’infiniment petit devient l’infiniment grand et l’espace de la vidéo contamine l’espace qui l’entoure. Au sein de la sixième édition de Sur les bords, cet espace est conçu comme un espace hors échelle et hors du temps où l’on peut rester à l’envie sans contrainte d’horaire.

Vidéo, 2021, 18’44 (en continu)
images : Firat Övür
musique : Giancarlo Vulcano
montage : Pierrick Mouton
Courtesy Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois

Quand Jeanne Moynot performe et prend la scène, c’est un rythme, une prosodie singulière et une présence très adressée qui vient saisir le public. On plonge instantanément dans une écriture orale au cordeau, un découpage articulé du réel et une constellation narrative de plusieurs strates qui s’entremêlent et se répondent. Également plasticienne, l’artiste expose régulièrement et crée un monde de punchlines, de vitraux en poubelle et d’architectures en papier. Au sein de sa pratique pluridisciplinaire, elle développe un univers musical où elle fabrique des vidéos-clip qui donnent la couleur à ses chansons rap et synthé-pop aux touches de RnB. Pour cette sixième édition de Sur les bords qui joue sur les rapports d’échelle, l’artiste a été invitée à proposer des rendez-vous pour un petits groupes de spectateur·rices, notamment à partir de sa dernière pièce pour plateau Missionnaire créée au Festival Actoral en 2021 puis reprise aux Subs à Lyon en juin dernier. Comment le petit nombre et les espaces traversés jouent-ils sur la réception de l’œuvre ?

À travers ce solo performé qui est à l’origine une commande du MoMA (Musée d’art moderne de New York) et que le chorégraphe new-yorkais interprète dans des lieux in situ, le public est amené à rentrer dans l’imaginaire de deux mémoires vivantes. La première, celle de Antonia Mercé, la célèbre danseuse de flamenco dite « La Argentina » et la seconde, celle de Kazuo Ohno, co-fondateur de la danse butô qui, en 1977, crée Admiring La Argentina, une célèbre danse en hommage à Antonia Mercé. L’œuvre de Trajal Harrell est influencée par le voguing, courant qui tire le fil de beaucoup de ses pièces. Née dans les années 70 à New York, cette danse se singularise par la reprise de poses que les mannequins prenaient dans les pages du magazine Vogue. Par la reproduction de lignes angulaires et d’attitudes sculptées, le voguing est un art de la copie et de la transformation. Cette méthode d’appréhension du mouvement marque la construction de la performance The Return of La Argentina : les sources qui, dans le voguing, sont les poses de mannequin, deviennent ici la gestuelle de La Argentina vue par Kazuo Ohno, elle-même fictionnée par Trajal Harrell. De strates en strates historiques, le mouvement passe de visions en corps jusqu’à nous parvenir.

Chorégraphie et performance : Trajal Harrell
Responsable de l’installation : Sally Heard
Conception des costumes et du son : Trajal Harrell
Commande du Musée d’Art Moderne de New York

Poète bilingue, producteur musical, chanteur, multi-instrumentiste, raconteur… Dizraeli est un genre musical à lui tout seul. Après la création de son premier groupe Bad Science (1999-2008) qui a reçu un immense succès sur la scène underground British, il a sorti son premier album solo Engurland (City Shanties) en 2009 qui a connu une grande tournée à l’international. Puis, il forme le groupe Dizraeli and The Small Gods, avec lequel il a enregistré l’album culte Moving In The Dark. Plus récemment, son album solo The Unmaster a été nominé pour le prix « Album de l’année » par Gilles Peterson dans les 2020 Worldwide Awards. Il en a fait un show scénique à la fois musical et théâtral et dont la mise en scène est signée Nina Santes.

Littéralement sur les bords du théâtre, la performance Rave to Lament créée en 2021 pour le MIR festival d’Athènes a lieu dans les parkings et pour ce sixième week-end SLB, celui du T2G. Danseuse et musicienne, Katerina Andreou nous donne rendez-vous avec la rave, la scène musicale techno des années 1990 d’Athènes. En sous-texte : un dialogue qu’elle a mené avec le producteur radio et compositeur Voltnoi Brege. Une voiture tunée et son propriétaire, une lumière rose, un texte projeté et un corps, celui de Katerina Andreou. C’est le son le principal acteur de la pièce : où projette-t-il notre imaginaire ? Dans quels souvenirs ? La perte de repères s’amplifie au fur et à mesure que le corps impulsif, dansant avec un T-shirt à l’inscription « RIP » en lettres blanches, prend le rythme. La pièce vient interroger plusieurs strates : l’endroit des représentations et la temporalité de ce qui subsiste.

Conception, performance : Katerina Andreou
Bande sonore dessinée : Katerina Andreou, créée en collaboration avec Cristian Sotomayor, basée sur les sons originaux des DJ Sisso, Jacob Garet, Ayya.
Aide à la recherche : Voltnoi Brege
Remerciements : Jérémy Perrin, Frédéric Pouillaude
Production, diffusion : Elodie Perrin
Production : BARK Conception, performance : Katerina Andreou
Résidences : Les SUBS – lieu vivant d’expériences artistiques Lyon, GRRRND ZERO Lyon, CN D – Centre national de la danse Pantin
Remerciements : Luca Zoppi

Anne Lise Le Gac, Nina Santes et Katerina Andreou sont invitées à se rencontrer et expérimenter ensemble le terrain du T2G. Anne Lise Le Gac arrive avec Loto Retina, musicien et performeur à ses côtés dans La Caresse du Coma ft. YOLO. Ensemble, iels y ont prélevé un extrait et l’étirent dans le temps : cette nouvelle performance se nomme La Valware. La Valware est aussi un espace-temps malléable que Nina Santes et Katerina Andreou vont squatter, incruster, occuper, enjailler. Et Clémence Mars, en guest lumière et agencement du terrain, les rejoint pour déployer ce nouveau climat. Iels vont, ensemble, occuper le théâtre comme une fabrique collaborative, un terrain de featurings, pour cette session inédite basée sur l’expérimentation, le dialogue, le clash, le temps dilaté et les jeux d’intensités. Le public fera l’épreuve de l’immersion et de la navigation entre les visions, les goûts et les textures de ce featuring imprévisible.

Crystallmess est une productrice et artiste française dont la musique se démarque immédiatement par son côté dancefloor abrasif. Son époustouflant premier EP “MERE NOISES” l’a fait remarquer par Kode9, VTSS, Split du label PAN. Performeuse et artiste aux multi-facettes Crystallmess a été présentatrice curative pour Boiler Room, pour Nova Mix, mais aussi journaliste Vice et résidente sur NTS. Dans le milieu de l’art contemporain, elle a été programmée pour des performances à Lafayette Anticipation, le centre George Pompidou, Crystallmess va également faire sa première exposition à Tramway, une galerie d’art située à Glasgow et a récemment donné une conférence à Harvard. Dans le milieu de la mode, elle est aussi bien présente ; après avoir été égérie et membre du collectif autour de la marque TELFAR, elle crée les BO des défilés Marni ou encore Nike. Ses DJ Sets sont sans compromis, allant du rap hardcore jusqu’au footwork, Crystallmess est programmée régulièrement dans les meilleurs clubs et festivals du monde (Berghain, Dekmentel, Primavera, Terraforma, Dour ou encore CTM festival). Sa dévotion à la musique de club et sa nature à multiples facettes font de Crystallmess une force imparable avec laquelle il faut compter.

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