Samedi 22, dimanche 23 avril 2023

Week-end de Performances

Dans tous les espaces du théâtre

Sur les bords 7

Clara Amaral, Carole Douillard & Babette Mangolte, Horya Makhlouf, Rayane Mcirdi, Selma et Sofiane Ouissi, Julie Pellegrin, Phantom Love, Alessandro Sciarroni

Qu’est-ce que le territoire fait au mouvement ? Cette septième édition des week-ends Sur les bords s’intéresse à la mémoire et à la transmission des gestes, au langage non verbal et au corps comme amplificateur de récits. Pendant deux jours, nous vous invitons à parcourir et habiter les différents espaces du théâtre pour découvrir des performances présentées sur scène ou dans des lieux atypiques, participer à des ateliers pour adultes et enfants, échanger lors d’une rencontre, regarder une sélection de films ou danser sur un DJ set. L’événement se veut attentif aux récits de l’intime et propose de jouer avec nos différents régimes d’attentions.

Autour de la pièce-phare Le Moindre geste de Selma et Sofiane Ouissi, des échos se tissent ; que ce soit avec les gestes de la polka chinata, une danse de salon réactivée par le chorégraphe italien Alessandro Sciarroni, ou ceux de Clara Amaral qui invitent à la lecture d’un livre immatériel lors de rendez-vous en tête-à-tête. « Traverser nos corps » devient une expérience à vivre littéralement. Qu’est-ce que le geste fait au territoire et inversement ? En écho à la pièce Le Moindre geste qui explore ce que le mot fait au corps et le corps au mot, Sur les bords propose également la programmation de deux films : l’un tourné à Alger, l’autre à Asnières.

Save the last dance for me
Alessandro Sciarroni (Italie)
Performance, 20 min

Samedi
22.04
15h–15h20
Samedi
22.04
17h–17h20
Dimanche
23.04
11h–13h

Workshop de danse le dimanche de 11h à 13h. Inscription : billetterie@tgcdn.com

Dans cette volonté de prendre au pied de la lettre le titre, le projet propose en plus de la représentation interprétés par les deux danseurs un atelier visant à diffuser et à faire revivre cette tradition populaire en voie d’extinction.

Des gestes qui portent la mémoire d’un territoire. Alessandro Sciarroni travaille avec les danseurs Gianmaria Borzillo et Giovanfrancesco Giannini sur les pas d’une danse bolonaise appelée Polka Chinata. Il s’agit d’une danse de cour exécutée à l’origine uniquement par des hommes et remontant au début des années 1900 : physiquement exigeante, presque acrobatique, elle nécessite que les danseurs s’enlacent, tournoient en se pliant à genoux presque jusqu’au sol. L’œuvre a été créée en collaboration avec Giancarlo Stagni, un maître de danse de Filuzziani qui a fait revivre cette ancienne tradition grâce à la redécouverte et à l’étude de certaines vidéos de documentation datant des années 1960. Sciarroni a découvert cette danse en décembre 2018 alors qu’elle n’était pratiquée en Italie que par cinq personnes.

Alessandro Sciarroni est un artiste italien actif dans le domaine des arts du spectacle, avec plusieurs années d’expérience dans les arts visuels et la recherche théâtrale. Ses œuvres partent d’une matrice conceptuelle à la Duchamp et utilisent un cadre théâtral. Elles sont présentées dans des festivals, des musées et des espaces non conventionnels, dans toute l’Europe, en Amérique du Nord et du Sud et en Asie. Dans ses créations, il fait appel à des professionnels de différentes disciplines et utilise des techniques et des expériences issues de la danse, du cirque ou du sport. Son travail tente de mettre à jour les obsessions, les peurs et les fragilités de l’acte de jouer, à travers la répétition d’une pratique jusqu’aux limites de l’endurance physique, en s’intéressant à une dimension différente du temps, et à une relation empathique entre le public et les interprètes. En 2019, la Biennale de Venise lui a décerné le Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière en danse. Alessandro Scarroni est artiste associé au Centquatre-Paris et à la Triennale MilanoTeatro 2022-2024.

5€ pour les moins de 30 ans
Conception : Alessandro Sciarroni
Danse : Gianmaria Borzillo et Giovanfrancesco Giannini
Collaboration artistique : Giancarlo Stagni
Musique : Aurora Bauzà e Pere Jou (Telemann Rec.)
Stylisme : Ettore Lombardi
Direction technique : Valeria Foti
Programmation, promotion, conseil : Lisa Gilardino
Administration de production : Chiara Fava
Communication : Damien Modolo
Production : corpoceleste_C.C.00#, MARCHE TEATRO Teatro di Rilevante Interesse Culturale
Coproduction : Santarcangelo Festival, B. Motion, Festival Danza Urbana

Le Moindre geste
Selma et Sofiane Ouissi (Tunisie/France)
Performance, 3h

Samedi
22.04
18h–21h
Dimanche
23.04
16h–19h

Tarif : 10 € un jour, 15 € deux jours (les récits sont différents le samedi et le dimanche)
Une pièce d’identité vous sera demandée pour la remise du casque audio.

Comment incorporer un récit ? Le Moindre geste est à la fois un poème visuel et sonore tout autant qu’une œuvre plastique et performative. Selma et Sofiane Ouissi ont réalisé un long travail de terrain avant de pouvoir proposer une collection de parcours de vie, à voir et entendre sur scène. Tout commence en 2015 à Metz avec le Frac Lorraine. Selma et Sofiane rencontrent une sociologue et travaillent avec elle pour mettre au point une manière d’interviewer, le cœur du projet reposant sur la rencontre de personnes qui ne sont habituellement pas visibles dans l’espace public. De cette idée centrale de nouer des relations particulières, Le moindre geste a continué de ville en ville au gré des invitations (Kunstenfestival des arts, Festival de Marseille…), constituant une collection de récits dont seulement quatre sont performés au T2G. Les voix habitent Marseille, Gand ou Bruxelles. Le projet est multiple en ce sens que chaque représentation n’est jamais la même, chaque soirée s’appuyant sur deux récits différents. Pendant toute la durée de la représentation, le public plonge dans un récit visuel : face à lui, par un dispositif d’écran et de retransmission en direct, des corps, ceux d’un autre public qui habitent le territoire de Gennevilliers, démultiplient par des gestes non verbaux la parole de la personne que l’on entend.

Selma et Sofiane Ouissi, chorégraphes, danseurs et commissaires originaires de Tunis, sont frère et sœur. En tant qu’artistes, ils créent et dansent ensemble depuis le début de leur carrière. Figures majeures de la danse contemporaine dans le monde arabe, leur travail est montré dans des musées et théâtres renommés. Selma et Sofiane explorent les limites de ce que l’art peut faire, et de ce qui peut être construit à travers les arts et la culture en Tunisie. En tant que commissaires, ils ont créé Dream City, un festival bi-annuel inclusif à Tunis dont l’épicentre est le centre artistique tunisien L’Art Rue qu’ils ont également créé et qui est entièrement dédié aux gestes artistiques qui visent la transformation sociale et politique. C’est au sein de cette structure que les disciplines artistiques et la réflexion universitaire cohabitent, que la revue culturelle ZAT (Zone Artistique Temporaire) a vu le jour et qu’un riche programme de soutien aux artistes du monde arabe et d’Afrique a été mis en place.

Nicolas Sburlati, après ses études à l’Université de Turin et de Paris 8, a commencé à travailler dans le cinéma en temps que technicien lumière en 2008. Curieux de comprendre l’ensemble du processus de création d’un film, il s’est tourné vers le montage. Il est devenu assistant monteur sur plusieurs court-métrages de fiction et de films documentaires. Nicolas collabore avec différents artistes pour la réalisation d’installations vidéo. Cette variété d’approches lui permet d’être dans un questionnement continu vis-à-vis de la pratique du montage. Nicolas a rencontré Selma et Sofiane Ouissi en 2011 pour monter Laaroussa, une vidéo inspirée par les potières de Sejnane. Depuis, leurs collaborations se développent jusqu’à aujourd’hui.

Conception et mise en scène : Selma & Sofiane Ouissi, en collaboration avec Nicolas Sburlati (vidéo)
Performance : participant·es du territoire de Gennevilliers et alentours
Production exécutive : laGeste (les ballets C de la B + kabinet k)
Avec l’appui de la Ville de Gand et de l’Autorité Flamande
Avec la participation artistique du Studio-ESCA

Do you remember that time we were together and danced this or that dance?
Clara Amaral (Pays-Bas/Portugal)
Rendez-vous en tête-à-tête individuels (en anglais), 30 min

Samedi
22.04
13h45–17h15
Dimanche
23.04
13h–15h45

Peut-on dire que l’on a lu un livre sans l’avoir eu entre ses mains ? Loin d’apporter une réponse, Clara Amaral continue l’exploration de ce que signifie l’action de lire à travers un dispositif qu’elle a conçu pour une personne à la fois. Par ses mots, ses mouvements, les sons qu’elle produit, l’espace et les objets qui l’entourent, elle fait exister une publication qui, au fur et à mesure du rendez-vous, prend tout son poids, venant habiter notre imaginaire. Jusqu’où le geste devient danse ? Est-ce la danse du geste qui permet d’affirmer qu’il y a eu lecture ? L’immatérialité du mouvement devient le territoire de la relation entre deux personnes.

Clara Amaral est une artiste qui travaille avec le texte et la performance. Sa pratique artistique interdisciplinaire questionne ce que signifie être lecteur·ice ou écrivain·e et vise à élargir les différents modes de lecture, d’écriture et de publication déjà existants. Elle s’attache à l’étude des modalités de publication et de l’aspect performatif de l’écriture et du langage à travers une approche féministe intersectionnelle. Ses pièces ont été présentées aux Pays-Bas, au Portugal, en Espagne, en Belgique, en Suède, en Autriche, en Norvège ou encore en Suisse. Clara Amaral enseigne actuellement au département de l’image et du langage de l’école d’art néerlandaise, Gerrit Rietveld Academie, à Amsterdam.

Publication écrite par Clara Amaral en dialogue avec Lana Coporda, Loïc Perela, Magdalena Widlak, Ofir Yudilevitch, Serge Amoussou-Guenou, Yang Zhen, et apprise par cœur par Clara Amaral
Écriture et chorégraphie : Clara Amaral
Interprétation : Clara Amaral / Langue : anglais
Graphisme : Dongyoung Lee
Consultation éditoriale : Becket Mingwen
Production : Julidans

Rencontre et lecture avec Julie Pellegrin : Politiques de la performance

Samedi
22.04
15h30–17h

Curatrice et critique d’art, Julie Pellegrin s’intéresse à la performance au sens large et aux pratiques qui abordent des questions sociales, politiques et éthiques, en mettant l’accent sur les notions de présence, de relation et d’attention. Depuis vingt ans, elle explore la manière dont les relations entre arts visuels, chorégraphie et théâtralité affectent l’écriture des expositions aujourd’hui. De 2007 à 2020, elle a dirigé le Centre d’art contemporain de la Ferme du Buisson (Noisiel, France). En 2013, elle a été co-directrice de Nuit Blanche Paris. Entre 2021 et 2022, elle a été pensionnaire à l’Académie de France à Rome - Villa Médicis. Elle travaille actuellement sur un livre d’entretiens (à paraître chez T&P Publishing) explorant les politiques de la performance dans l’art contemporain. Pour Sur les bords, elle propose de lire un montage d’extraits, en forme de séance d’écoute.

1h30

DJ set
Phantom Love

Samedi
22.04
22h–00h

Projet solo de Valentina Fanigliulo, aussi connue sous le nom de Mushy (Mannequin Records).
Son univers musical croise atmosphères hypnotiques et répétitifs de la kosmische musik, rythmique tribale et réminiscences sonores qui rappellent la House musique de Chicago. Tous ces mix créent un live qui fait plonger dans une transe.

Idir
Film
Carole Douillard & Babette Mangolte (France)

Samedi
22.04
14h–18h

L’action du film se situe à Alger. Idir, jeune algérois, traverse l’espace public de manière performative. Le film est une réponse poétique à une situation politique. Carole Douillard a demandé à Idir, qui ne peut quitter l’Algérie pour des raisons politiques, de rejouer la performance de Bruce Nauman, Walking In an Exaggerated Manner Around the Perimeter of a Square réalisée en 1967 et dans laquelle l’artiste marche dans son atelier en suivant les lignes blanches d’un carré dessiné au sol. L’espace intime de 1967 devient l’espace public d’une ville. Filmé par Babette Mangolte, le pas lent et déhanché s’enrichit de nouvelles significations.

Carole Douillard est une artiste plasticienne et performeuse. Elle travaille depuis de nombreuses années à la question du corps et du geste. Par sa propre présence ou celle d’interprètes, elle interroge la position du spectateur, déplaçant celui qui habituellement regarde et qui devient alors regardé. Née à Nantes en 1971 d’un père français et d’une mère kabyle, elle initie en 2013 une trilogie autour de la ville d’Alger, dont le film Idir (2018) est le troisième volet.

Babette Mangolte est une cinéaste expérimentale franco-américaine, née en 1941 et installée à New York et San Diego (Californie). Elle collabore dès la fin des années 1960 avec les artistes de sa génération, filmant les pionnières de la performance dans leur recherche et explorations gestuelles, comme Trisha Brown, Joan Jonas, Marina Abramovic, Yvonne Rainer. Ses films ont fait l’objet de rétrospectives dans des festivals ou des musées autour du monde.

30 min
Réalisation : Carole Douillard et Babette Mangolte, 2018
Avec le soutien de la FNAGP et de la Région Pays de la Loire
Film présenté à la Galerie Kamel Mennour (Paris) jusqu’au 3 juin 2023 dans le cadre de l’exposition Le corps de l’autre

Le Croissant de feu
Film
Rayane Mcirdi (France)

Dimanche
23.04
13h–16h

Quand un bâtiment disparaît d’une cité, quelles promesses d’avenir pour la jeunesse ? La destruction de la barre d’immeuble Les Gentianes dans le quartier des Mourinoux à Asnières-sur-Seine est le point de départ du Croissant de feu (2021). Ni tout à fait documentaire, ni tout à fait fiction, le film de Rayane Mcirdi nous plonge dans la vie de plusieurs jeunes hommes qui s’abandonnent à leur quotidien, tiraillés entre projections d’un ailleurs et nostalgie d’un territoire perdu. Parler d’avenir revient à parler « du début de la fin », pour reprendre une phrase d’ouverture du film.

L’univers artistique de Rayane Mcirdi est inspiré de l’environnement culturel dans lequel il a grandi, teinté de cinéma, de musique, de sport, de télévision, de mangas et de jeux vidéo. Ses vidéos dressent un portrait à la fois réel et rêvé de la banlieue, loin des stéréotypes véhiculés par certains médias et politiques. Entre le documentaire et le conte, l’artiste y dévoile une existence pleine de désillusions, d’espoir et d’engagement. Il participe à des expositions telles que la 13e Biennale de Sharjah en 2017, INTOTO 6 à la Fondation d’entreprise Ricard à Paris et Par amour du jeu 1998-2018 aux Magasins généraux à Pantin en 2018, Désolé à la Galerie Édouard Manet à Gennevilliers en 2019, ou Hamdoulah ça va ! chez DADA à Marrakech en 2020.

40 min
Video 35’46’ Courtesy Galerie Anne Barrault

Atelier enfants
Horya Makhlouf & Rayane Mcirdi (France)

Dimanche
23.04
16h–19h

Pour la première fois, le T2G propose un atelier pour les enfants, sur le créneau horaire de Le Moindre geste et en lien avec sa thématique. L’idée est de venir au théâtre en famille et que chacun·e puisse vivre une expérience différente : les adultes au spectacle et les enfants en atelier, sur la même question du territoire. Puis de se retrouver ensemble au restaurant en fin de journée.

Diplômée de l’École du Louvre, Horya Makhlouf est chargée de développement culturel à la Mairie de Gennevilliers. Elle est co-fondatrice du collectif et revue en ligne Jeunes Critiques d’Art créés en 2016. Elle croit à la capacité émancipatrice des arts dans la société et aime croiser dans ses critiques différentes approches, empruntées à l’histoire de l’art ou aux sciences sociales. Intéressée par les questions d’identités et le rôle des institutions dans la promotion des pratiques contemporaines, elle a réalisé des travaux de recherche sur l’exposition Représentations arabes contemporaines dirigée par Catherine David de 2001 à 2007, et sur l’artiste Akram Zaatari. Elle anime le podcast Le Croissant de feu avec Rayane Mcirdi et Seumboy Vrainom :€, à travers la chaîne de vidéos Histoires Crépues.

Atelier pour enfants de 8 à 12 ans, 3h

Les week-ends Sur les bords au T2G

Initiés en 2019, les week-ends Sur les bords sont des rendez-vous réguliers où s’expérimentent des relations différentes aux œuvres et au lieu. La programmation, qui va des arts plastiques aux formes performatives, traverse tous les espaces du théâtre pour déplacer nos points de vue. Plongez au cœur des processus de création, vivez le théâtre autrement à travers une pluralité de formes : installations, films, performances immersives, rendez-vous en tête à tête, ateliers, etc.

Sur les bords 4 © Martin Argyroglo

Crédit photo : Sur les bords 4 © Martin Argyroglo

Do you remember that time we were together and danced this or that dance? © Stephan Blumenschein

Crédit photo : Do you remember that time we were together and danced this or that dance? © Stephan Blumenschein

Save the last dance for me © Claudia Borgia, Chiara Bruschin

Crédit photo : Save the last dance for me © Claudia Borgia, Chiara Bruschin

Le moindre geste © Pierre Gondard

Crédit photo : Le moindre geste © Pierre Gondard

Film

Crédit photo : Film “Le Croissant de feu” © Rayane Mcirdi

Film

Crédit photo : Film “Idir” © Carole Douillard & Babette Mangolte

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Crédit photo : Sur les bords 4 © Martin Argyroglo